Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les voiles du partage Ciotat-Africa

20 novembre 2011

DERNIER JOUR GOREE

Samedi 19/11

 Dernière journée en Afrique.

 Alain a décidé d'amener Brahim à Gorée. Pour ce dernier, c'est un lieu important. Il en a entendu parler par plusieurs chansons de ses chanteurs préférés (Alpha Blondy et le reggae…) et par les anciens. Sa culture personnelle est faite en partie à travers les paroles de chansons, lui qui sait à peine lire.

 Taxi jusqu'à la gare maritime, on a l'impression qu'on va embarquer pour une croisière : grand hall avec salle d'attente, buvette, expo au 1e étage…

20 minutes de traversée et nous voici sur place. Un air de village méditerranéen (France, Italie, Portugal…),petit port, eau claire,  maisons aux crépis ocres comme à Roussillon, volets à persiennes, portes et fenêtres avec vitres, cours intérieures, palmiers et fleurs partout. Mais aucune voiture, rue empierrées ou en terre.

C'est un village de 1500 habitants qui ne vit que du tourisme. On s'en aperçoit vite, dès qu'on met un pied sur le bateau, on se fait déjà aborder par les vendeurs de pacotille à la technique très éprouvée : ils écoutent les conversations pour essayer de capter un nom ou une info et ils nous abordent en nous appelant par notre nom et ne nous lâchent plus ! Heureusement, nous avons une parade, Brahim. Le fait de nous voir avec un noir les dissuadent de trop nous aborder, ils pensent que nous sommes accompagnés par un guide.

 On casse la croûte dans un des nombreux restos du port. Un joueur de kora rencontré sur le bateau revient voir Brahim, ils se mettent à jouer ensemble, vite rejoints par un autre qui vend des petites percus. Un vieux monsieur, venu montrer l'endroit à sa famille a un malaise, on lui achète de l'eau et il ne tarit plus de remerciements. Rencontre sympa entre Alain et lui.

 Direction la maison des esclaves, un guide nous branche, on accepte, mais seulement pour la maison des esclaves et on négocie rudement son tarif. Finalement, il accepte.

 Drôle d'endroit, en fait il y avait des dizaines de maison d'esclaves sur l'île : une par marchand. Une jolie cour intérieure d'une maison à un étage. Au RDC des cellules sinistres où l'on triait les hommes (plus de 60 kg), les jeunes filles (avec de beaux seins = vierges), les femmes, les enfants (ayant de bonnes dents), les hommes chétifs étaient à part pour être engraissés avant d'être vendus… Bien sûr le cachot des récalcitrants (une espèce de trou sous l'escalier où ils ne pouvaient être qu'accroupis).  Leur arrivée, ils étaient tous attachés par des chaînes aux poignets et des entraves aux pieds (encore visibles dans une vitrine) et numérotés ; ils ne recevront de nom que lorsqu'ils auront été achetés par un propriétaire de l'autre côté de l'Atlantique.

 Au milieu, le couloir de la "porte sans retour" qui donne sur la mer et par là où embarquaient les esclaves.

 Au premier étage, les appartements du marchand. Le plus souvent, il s'agissait d'enfants d'anciens esclaves et de blancs. Ce sont eux qui allaient acheter aux notables de l'arrière pays les futurs esclaves et qui les revendaient et troquaient contre des marchandises venues d'Europe aux bateaux qui venaient faire le plein à Gorée … D'après ce que j'ai pu lire sur place on évalue à 25 millions, le nombre de personnes déportées. Une des causes du déclin de l'Afrique vient de cette hémorragie qui a durée au moins 3 siècles et qui a dépeuplé les pays des plus valides et des plus forts.

 

L'île a été disputée par les portugais, les hollandais, les anglais et finalement les français qui y sont restés le plus longtemps. A tel point qu'a une époque, toute personne naissant à Gorée (et dans 4 autres communes du Sénégal) avait automatiquement la nationalité française. Il y avait même un député à l'Assemblée Nationale élu par les habitants de l'île.

 

Retour au CVD, faire le sac, quitter Soualé et dernier repas au CVD en discutant de Gorée et de pleins d'autres choses sur l'Afrique.

Alain décodait pour moi, en particulier quand Brahim parlait des singes hommes, d'un prophète qui marche sur l'eau, etc… mélange de légendes, de religion, de croyances animistes.

 

Un bon moment passé ensemble, on a contribué tous les deux à le remettre un peu à flot en lui payant une carte de téléphone, en lui donnant quelques affaires, je lui ai donné mon lecteur MP3, il rêvait d'en avoir un autre car il avait cassé le sien depuis plusieurs mois et il en a besoin pour son "travail de musicien" et pour enregistrer ses chansons.

Taxi et aéroport, j'ai encore 3h à attendre dans un joyeux bazar où tout le monde veut te refourguer quelque chose….

 

Bye, bye l'Afrique et ta poussière omni présente.

A bientôt, je crois....

 

Publicité
Publicité
18 novembre 2011

MARCHER DANS MES TRACES

Vendredi 18/11

Arrivée à Dakar au CVD hier soir à, la tombée de la nuit, un bon petit vent 18/20 nœuds pour fini ce voyage. Dans la journée de grands dauphins sont venus nous tenir compagnie, un au revoir de la mer….

Les autres sont loin vers l'Ouest en vue du Cap Vert, Alain a eu quelques nouvelles par BLU.

Sympa de faire découvrir la voile à Brahim qui s'étonne de tout et qui réagit juste tout de suite.
Sacré capacité d'adaptation, il nous tape un peu car il n'a pas un rond, mais de manière sympa et sans insister.
Un gars comme ça, s'il avait pu aller à l'école… Il est au courant de tout, a des idées très personnelles (pas toujours évident pour un africain avec le poids de la famille et le regard des autres).

La boucle est bouclée, je remarche dans mes traces sur la plage de Hann.

Alain est resté au bateau, débarquement en annexe dans l'égout à ciel ouvert qu'est cette plage. Ce matin tour en ville avec Brahim, au plateau pour trouver un billet d'avion et une agence qui accepte des paiements par Carte Bleue. Départ demain soir à 3h…
Petit resto de quartier…
On se fait taper à tous les coins de rue.

Retour au CVD, bonjour à la couturière, j'ai mes habitudes ici.
Plein de têtes nouvelles, en 15 jours les bateaux sont partis, remplacés par d'autres; Ici ça sent en même temps l'échouage et le grand voyage.

Bon vite une douche et prendre la navette du passeur pour rentrer sur le bateau.

 

17 novembre 2011

ZIG DAKAR

Mercredi 16/11

 Retour vers Dakar, à bord de Soualé un Dufour 44 de 2005 (grand tirant d'eau, mât allongé) ma dernière étape en mer. 190 milles, une "petite étape" maintenant, alors que cela me paraissait une belle traversée, il y a encore quelques semaines.

Bateau sympa, bien équipé pour les longues traversées : des équipements bien pensés, sans gadgets inutiles, ce qu'il faut pour les programmes de navigation d'Alain entre la France et le Sénégal ou la Côte d'Ivoire (beaucoup d'autonomie), à qui il arrive parfois de naviguer seul, . Pour lui, c'est routine, même si on sent bien qu'il ne s'en lasse pas. Il est mordu de vidéo et de cinéma, il a fait quelques petits films. Un personnage, 25 ans prof de français en Afrique… Un super marin, sans avoir l'air d'y toucher.

 Départ au lever du soleil (7h15) de Ziguinchor.

Alain,  Ibrahim un jeune musicien ivoirien qui veut aller à Dakar et moi.

Descente du fleuve : pirogues, dauphins, oiseaux. En suivant bien le balisage pour éviter les bancs de sable. Croisé le ferry qui remonte sur Zig.

Vers 12h nous sommes devant Carabane, on ralentit pour monter l'annexe à bord et on décide de continuer, la marée étant quasi haute.

A 12h30 on passe la cardinale nord (bouée noire et jaune) qui marque la proximité d'une épave et l'entrée de la passe de sortie.

Les vagues brisent pas loin (200 m sans doute), on va de bouée rouge en bouée verte et inversement sans en louper une… bien repérer le virage serré à droite pour contourner le gros banc de sable où la mer déferle.

A 14h nous sommes en eaux libres : repas et cap sur Dakar. Malheureusement pas beaucoup de vent favorable, remontée plein nord surtout au moteur.

 

Soirée cinéma dans le cockpit : on regarde un documentaire de Bruno sur le Cambodge, tout en surveillant la route, à la voile, sous pilote… Marrant ! Ils ont fait ça plusieurs fois en descendant de France.

 

Je prends le 1e quart de nuit avec Ibrahim, il me fait écouter ses musiques, fabrique des colliers qu'il compte vendre.

 Etonnant comment ce gars qui n'avait jamais vu un voilier de sa vie s'est adapté. Il a instinctivement compris comment marche le bateau, oùe t comment se placer pour les manœuvres, la barre, les voiles, le GPS avec carte électronique, la veille pour surveiller les autres bateaux. Il a repéré que le GPS récupère l'écho radar des gros bateaux (AIS) et comment l'interpréter.

Avec Alain, qui a vécu 25 ans en Côte d'Ivoire, il parle du pays, lui fait un  cours de vocabulaire local. Content de voir qu'un toubab comprend un peu sa langue et cherche à la connaître.

 Il est parti de chez lui, il y a un an pour essayer de faire "son album", il a parcouru 4 ou 5 pays d'Afrique de l'Ouest en se branchant avec des musiciens partout où il va.

Sa grande sœur s'inquiétait de le savoir sur un bateau. Il est le premier garçon d'une famille d'agriculteurs et les parents étant décédés, c'est lui le "chef de famille". Il ne pourra rentrer chez lui que lorsqu'il sera capable de ramener suffisamment de cadeaux à sa famille, sinon c'est la honte du village ! Il a dû aller à l'école jusqu'au CM1 sans doute. mais on voit qu'il cherche à casser les codes sociaux traditionnels du carcan familial ou villageois. Un comportement "moderne", un avantgardiste des jeunes africains ?

Ses chansons parlent de la vie en Côte d'Ivoire, des troubles politiques de l'an dernier, etc.. c'est plutôt sympa ce qu'il fait.

Il joue de la flûte "comme çà"  avec du tube de PVC et du cuir, il s'est fabriqué ses instruments. Lors du concert à l'Alliance Française, il jouait des percus avec une bouteille vide !

Un personnage, heureux d'être où il est et content de sa vie, même si ça ne doit pas être facile tous les jours. Une encyclopédie du reggae et des musiques africaines.

 Pour les repas, je lui fait goûter des trucs de chez nous : salade de tomate avec des olives.

Omelette aux cèpes de Guilhem

Il me demande "c'est quoi la neige, comment c'est ?"

 

Jeudi 16/11

 Quart du lever du soleil, celui que je préfère. Les deux autres dorment, moi j'ai le walkman dans les oreilles et je regarde le jour arriver.

 Dans la matinée une pirogue avec 7 ou 8 pêcheurs s'approche très près. Je remets le moteur en route pour être plus manœuvrant qu'à la voile. Ils tentent de se mettre à couple, veulent des cloppes, insistent, nous suivent un moment, s'approchent, s'éloignent un peu, se rapprochent à nouveau, puis laissent tomber. Ouf !

 Plus tard au loin, j'aperçois le haut d'un cargo blanc sur l'horizon, Ibrahim prend les jumelles pour essayer de voir à quoi ressemble un gros bateau et me dit "ce bateau, on dirait une mosquée". Chacun ses références !

 Alain à eu un des autres bateaux de Ciotat Africa en BLU (radio à longue portée), ils sont à 200 milles du Cap Vert avec pas mal de houle et peu de vent, beaucoup ont le mal de mer. Je suis mieux ici que sur Chorizo (le surnom que les autres avaient donné à Corozo ; il y a aussi "Sans Gigot" et "Boulet Rouge").

 

A bord de Soualé, j'ai plus appris en 24h qu'en 6 semaines de Corozo !

 

Dakar au CVD en début de soirée en principe.

 

Quelque part vers 14°09' N et 17°18' W au large du Siné Saloum (encore un coin qui doit être bien !).

16 novembre 2011

BIENTÔT LE RETOUR

Lundi 14/11

 Visite à l'hôpital de Ziguinchor.

 On a encore déchargé du matériel, cette fois-ci pour le service orthopédie de l'hôpital régional. Dans la cour sur des nattes, le parent qui s'occupe de son malade : il doit lui faire à manger, acheter les médicaments pour le soigner, etc… Ces gens vivent-là sur place dans la cour de l'hôpital.

 On est reçus dans l'atelier de fabrication des prothèses et béquilles monté par Handicap International; Du bon boulot avec les moyens du bord.

 Il y a encore ici environ 100 cas par an (deux par semaines) d'amputations à cause des mines qui se baladent dans la nature à quelques km à peine de Ziguinchor; les principales victimes sont les jeunes et les enfants qui vont en forêt.

 Le directeur de l'hôpital, un militaire, est un peu titillé par Bruno le cinéaste qui lui demande pourquoi l'administration est si tatillonne avec les gens qui apportent du matériel à l'hôpital ? pourquoi, il ne facilite pas la tache des gens qui risquent de se décourager, etc..

Bon moment de langue de bois digne d'un politicard français (la colonisation a laissé des traces !). Conclusion du directeur "je vous encourage à ne pas vous décourager"…

 

Depuis la fin de la matinée, les bateaux partent peu à peu, direction le Cap Vert. En fin d'après-midi, Soleil Rouge est le dernier à nous quitter. Instant d'émotion.

 Bon vent ! A toi petit bateau et à vous Mémé, Elissa, Noémie qu'Eole et tous les dieux de la Casamance, vous portent sur votre belle route. A un jour, peut-être.

 

Pour moi, l'aventure va s'arrêter là. Depuis quelques jours, peu à peu la décision s'est imposée. Il fallait que je débarque, c'était devenu une nécessité.

 

Pour faire bref :

- Je suis comblé par ce que j'ai vu ici.
- Je suis dubitatif sur certains aspects de l'humanitaire...
- j'ai navigué longtemps, avec un rythme de vie qui me convient de mieux en mieux. Au contact des autres bateaux, j'ai beaucoup appris sur ce qu'est un bateau de grand voyage.
- J'ai compris que les longues traversées, ce n'est pas non plus la mer à boire, surtout sous ces latitudes.

On a trop fait de moteur et pas assez de voile (200h de moteur à 2l de gasoil par heure ce n'est pas très écolo !).

Je vais remonter vers Dakar à bord de Soualé, le superbe Dufour 44 d'Alain Barbaud qui va rester en Afrique jusqu'à l'été car il veut faire un projet avec Daouda, le principal du collège que l'on a visité la semaine dernière.

Un bateau, où il fait bon vivre et sur lequel je me suis senti immédiatement chez moi. Rien à voir avec l'ambiance pas très facile à bord de Corozo.

 Des bons moments partagés au moment des adieux, des retours très sympas, auxquels je ne m'attendais pas de la part de personnes d'autres bateaux. Il y a des gens que je vais revoir, c'est sûr !

 

Mardi 15/11

 Le Perroquet et le mouillage sont bien vides aujourd'hui. Bruno le réalisateur vient aussi de partir vers l'aéroport.

Alain a des RDV en ville, moi je nettoie un peu le bateau qui en a bien besoin. De temps à autre des grands "pschiiiiiitt" au tour du bateau : une troupe de gros dauphins chasse dans le fleuve à quelques mètres de moi, parfois à moins de 2m du bateau. Plutôt sympa comme compagnie. Ils font maintenant partie de mon quotidien, au même titre que les cigognes ou les vautours que j'ai pu approcher à 1 ou 2m.

 Excellent repas de midi chez Fernand avec Daouda ; Alain et lui parlent de leur projet. Sympa de les écouter; ça ferait du bien à pas mal de petits français de voir comment travaillent et vivent leurs "collègues" sénégalais ! Histoire de remettre les choses à leur place et de ne pas oublier leur statut de nantis.

Maison dans un quartier résidentiel, à l'extérieur la rue fait penser à un terrain vague en chantier pas fini et décrépi; la maison est très simple et sympa, il y fait bon vivre.

L'accueil de Fernand et Sarata est simple et chaleureux. Là aussi invitation "tu reviens quand tu veux, juste un coup de fil pour prévenir". En rentrant, je vais essayer de lui bricoler les lampes à LED dont il a besoin pour le campement.

 

Courses avec Sarata, au marché, là où c'est moins cher !

 Fin des courses en ville, je me fais accrocher par la même vendeuse que celle qui a baratiné Bruno hier soir. Elle se souvient de mon prénom. C'est incroyable la mémoire des noms qu'ils ont ici !

Elle me colle d'office un cadeau dans la poche : un bracelet gris-gris "pour faire 4 fois gougoulou dans la nuit, pour que ta femme elle soit contente… résultat garanti. Regarde moi, ça marche !"
Elle ne m'a pas proposé d'aller essayer le bracelet avec elle, mais c'était moins juste.

 

La suite à Dakar en fin de semaine où je vais chercher un vol pour rentrer en France.

Nous partons demain matin. Nous : Alain, Ibrahim un jeune musicien ivoirien rencontré la semaine dernière et qui n'a jamais mis les pieds sur un bateau et moi.

On en a pour 1 jour1/2 ou 2 de traversée, l'équivalent d'un Ajaccio-Marseille. Une broutille pour nous maintenant. Encore de bons moments en perspective.

15 novembre 2011

CASAMANCE : la croisière s'amuse...

Dimanche 13/11

 7h1/2 on attend la pirogue qui doit venir chercher les colis à décharger des bateaux. 10 jours de démarches diverses pour avoir tous les tampons. Les douaniers ne veulent que 32 colis, à nous de nous dé… pour en faire le bon nombre en utilisant de grands sacs d'immigrés.

Finalement la pirogue arrive à 8h30 et une fois chargée, elle s'en va vers le port de commerce à la douane. RDV à 9h à terre pour embarquer dans les taxis-brousse qui auront chargé les colis au port.

Finalement, on arrive à partir vers 10h en s'entassant dans les deux fourgons Mercédès hors d'âge (15 par fourgon à l'intérieur ! plus un ou deux aides accrochés à l'extérieur sur une espèce de marchepieds soudé et rouillé). Le jeu dans la direction est tel que le chauffeur fait quasiment ¼ de tour de volant avant que les roues ne bougent…

A l'intérieur c'est bancs en bois recouverts de mousse + sky, pleins de babioles suspendues au plafond à l'avant : peluches, ballon, main de fatma qui clignote, photos de footballeurs, photo de marabout (?) collée en plein milieu du pare-brise, le petit univers du chauffeur ! A travers les trous du plancher on voit un peu la route, c'est joli sur les pistes de terre rouge.

 

D'abord le pont sur la Casamance avec un contrôle de police avant le pont et un autre après le pont (des fois qu'on ait embarqué un bout de rambarde au passage ?). Occasion d'un petit racket sous forme de PV quasi systématique, un péage qui ne dit pas son nom, quoi !

Ensuite la grande route qui file dans la mangrove plus ou moins inondée selon l'heure des marées. Puis la grande piste rouge près des marigots, ensuite la moyenne piste sablonneuse et enfin jusqu'au village la piste étroite entre les hautes herbes qui rayent la carrosserie (si on peut appeler ça une carrosserie), herbes de 2m de haut qui sentent la menthe, mais qui griffent quand même. En gros 1h1/2 de tape-cul et de poussière. Qu'est ce que ça doit être pendant l'hivernage (saison des pluies) ; où seuls passent les chars à bœufs.

 

Accueil au village de Boutoulouk : tous les notables, chefs de famille et représentantes des femmes en rang d'oignon (environ seulement 50 personnes car beaucoup sont partis pour une fête des 40 jours après les funérailles d'un parent) et il faut serrer la main "bonjour, comment ça va ? et la famille ça va ?" et on apprend même à le dire en Diola : "kasoumaye"… Un peu plus loin des femmes danses et chantent en tapant avec des claquoirs. Après ce "bref" bonjour, on nous offre un verre d'eau bien fraîche du forage du village voisin qu'ils sont allés spécialement chercher et acheter, pour nos pauvres boyaux d'européens.

 

Puis visite de l'école avec une classe pleine ; même si c'est dimanche, ils sont allés chercher les enfants et l'instit pour nous. Puis visite du chantier de la future "école en ciment", il manque encore portes et fenêtres, mais les termites ont déjà commencé à attaquer (une termitière est à seulement quelques mètres) malgré les soubassements en parpaings et une dalle en béton. Le reste est en agglos de banco (terre crue et sable) recouverts d'une tyrolienne en ciment.

Enfin on se pose sous les arbres sur des nattes au sol pour écouter 10 discours (1h) en ayant bu un bon coup de bissap et le tout ponctué de chants et danses surtout des femmes.

Vers 15h les femmes qui ont fait la cuisine, mangent. Ensuite, elles nous servent 6 par 6 une grande bassine de poulet yassa et de riz à manger avec les doigts et proprement. Pas si facile que ça !

 

Après ça, danses des masques pendant deux heures vont se succéder 4 ou 5 masques qui symbolisent des animaux et divinités. La "mise en scène" interactive avec les spectateurs manque un peu de dynamisme et c'est assez répétitif.

 

En fin d'après-midi des au revoir chaleureux et retour à la nuit à Ziguinchor dans nos taxis brousse…

 

En discutant, j'ai appris qu'il y avait plusieurs dizaines d'ONG qui font des actions dans ce village ! Chacune travaille de son côté. Et fin novembre pour la 1e fois à la demande des autorités du coin, il va y avoir une réunion de coordination des ONG. Il serait temps.

En fait depuis que je circule dans Ziguinchor (40 000 hab), je remarque pas mal d'organisations françaises, espagnoles et italiennes surtout. Plus celles connues du style Croix Rouge, etc…

 

La Casamance, c'est joli, les sénégalais sont sympas et accueillants ; donc on trouve pas mal de gens qui ont du temps de libre (des retraités et des jeunes en fin d'études), surtout des femmes qui " font dans l'humanitaire".

J'ai l'impression que le Sénégal est en train d'inventer une nouvelle forme de tourisme, les vacances humanitaires… ça les changera un peu des "touristes prisonniers" comme ils appellent les clients du Club Méd; du cap Skirring.

Publicité
Publicité
14 novembre 2011

CASAMANCE : Ziguinchor encore

Samedi 12/11

 Hier soir, réception à l'Alliance Française : projection d'un film de Bruno sur le Cambodge. Depuis qu'on le côtie, c'était bien de voir son travail de documentariste.

 Puis concert d'un groupe local Africa Tempo : de bonnes percus de toutes sortes (même une bouteille), une excellente kora mais des voix un peu faiblardes et beaucoup de pèche !

 

Aujourd'hui, autre programme, Bruno m'a demandé de l'accompagner dans une école coranique, il veut creuser un peu le sujet des gamins des rues et il ne veut pas y aller seul. En fait des enfants dont les familles de villageois ou de Guinée Bissau n'arrivent pas à s'occuper qui vivent chez un marabout (jusqu'à une centaine) pour apprendre le Coran. En fait au lieu de les éduquer les marabouts envoient les enfants mendier dans les rues.

Guidés par Moussa, un griot, auxiliaire de santé, on va d'abord à la gare routière où il y a de nombreux enfants des rues. Dans une gargotte, la jolie gargotière emploie l'un d'eux pour faire la vaisselle. Après la séquence filmée, le garçon, 12 ou 13 ans adit à Moussa qu'il avait accepté de parler et d'être filmé pour que les gens sachent ce qu'ils vivent….

Le coin est un peu chaud, on filme du taxi et on file voir le marabout qui a accepté de nous parler.

 

Ecole coranique : dans une rue d'un quartier populaire, une cour de maison avec son mouton ses poules, son baobab, sa poussière et au milieu, un abri de tôles sous lequel sont assis sur des nattes 50 ou 60 enfants. Dans un coin traînent des planchettes de versets du Coran.

Et surprise, le marabout, loin d'être un petit vieux à barbiche blanche, est un jeune de36 ans qui a pris la suite de son grand père.

Lui, n'a pas d'enfants en pension, ils habitent le quartier et viennent s'ils sont scolarisés 3 fois/semaine et tous les jours pendant les vacances. Le marabout fait office d'activités péri-scolaires…. Pour ce service, il demande 400 F CFA/mois et par enfant, aux plus démunis, il ne fait rien payer…

A temps complet un enfant met 1 an à apprendre le Coran en entier, avec l'école, ils mettent 2 ou 3 ans. Pour que ça rentre il faut bien "frapper un peu" les récalcitrants ! D'ailleurs pour nous montrer comment travaillent les enfants, il les fait réciter et machinalement il a sorti son bâton. Bâton vite rentré quand il s'est aperçu que Bruno filmait !

 

A ce moment-là des enfants sont passés dans la rue en mendiant. On a réussi à les faire s'approcher et à les faitre discuter avec le marabout, Moussa traduisait : Ils doivent ramener chaque jour 300 F CFA, sinon, ils sont battus. Et bien sûr les plus petits sont rackettés par les plus grands.
On les repère à leurs vêtements et surtout à leurs petits seaux en plastique dans lesquels ils trimballent le riz ou le sucre, etc.. que donnent les gens et qu'ils essaient de revendre car le marabout veut de l'argent liquide !

c'est un bon investissement pour lui; il leur donne des fringues pourries, un bol de riz par jour et il encaisse 30 000 F CFA/jour environ 25 à 30€, une petite fortune ici.

 

Dans l'après-midi je croise Moussa en ville, on en reparle; le principal problème c'est le nombre d'enfants par famille.

Dans son boulot, il fait aussi de l'éducation sexuelle, sujet tabou dans les familles mais accepté venant d'un griot qui est un peu considéré comme le "fou du roi" et donc lui peut tout dire.

Pour les femmes analphabètes, il donne un astucieux collier de perles avec un anneau qui peut coulisser d'une perle à l'autre mais dans un seul sens.

Le collier compte une trentaine de perles, la première est rouge, ensuite quelques unes sont marrons, puis des blanches et encore des marrons. En déplaçant l'anneau, les femmes savent où elles en sont de leur cycle et elles peuvent voir quelles sont les périodes dangereuses pour elles. Méthode pas très efficace, il le reconnaît, mais c'est mieux que rien et ça prépare les mentalités à d'autres formes de contraception.

 

 

A midi autre discussion avec Fernand, il nous parle des enfants handicapés, il a été au cœur de 2 cas où il a trouvé dans des familles un enfant handicapé très malade. Dans le premier cas, il a amené l'enfant à l'hôpital, payé tous les frais, mais les parents se sont faits engueuler pour avoir trop tardé, en fait la petite fille est morte le lendemain.

Dans le 2e cas, elle a été prise à temps, elle est rentrée chez elle ; mais 3 semaines plus tard l'enfant était décédée. Un ami sénégalais lui a dit : "tu n'as pas compris ?".

Ces enfants handicapés lourds sont une telle charge pour des familles déjà  en survie que pour sauver les autres, elles sacrifient celui ou celle qu'elles ne peuvent pas assumer. Que dire de plus ?

 

J'ai aussi revu mon vendeur de cartes postales qui aujourd'hui veut me refourguer autre chose. Un gars sympa et instruit.

On parle un peu des gens d'ici : les filles cherchent avant tout un gars qui ait du fric sos entendu si tu peux m'en donner un peu….. Elles lorgnent du côté des blancs qui viennent ici. Si elles arrivent à leurs fins, et à l'épouser, c'est mieux que le loto ! Alors les pauvres gars comme lui n'ont aucune chance avec les plus jolies !

 

Je lui parle des françaises, italiennes ou espagnoles de plus de 40 ans que j'ai croisées en ville en compagnie de jeunes beaux sénégalais "c'est un ami me dit-il en rigolant, il y en a beaucoup comme ça ici, un ami pour les vacances…."

 

Plus de batterie… j'arrête !

11 novembre 2011

CASAMANCE - Ziguinchor

Vendredi 11/11/11

Depuis hier, j'ai débarqué à Ziguinchor. Les bateaux partis passer 2 jours dans un bolong.
Initialement, il était prévu d'aller y passer la journée en pirogue avec balade dans la mangrove et bouffe préparée par la femme du piroguier dans son hameau. Tard la veille au soir, d'autres ont proposé d'y aller avec les bateaux et de passer la nuit sur place. A mon avis, il valait mieux rester sur le projet initial : plus de possibilités de découverte, circulation dans la mangrove alors que c'est impossible avec nos bateaux (pas assez de profondeur) ; et puis annuler tard dans la soirée pour le lendemain matin tôt, j'ai dit qu'ils n'auraient pas fait ça en France.
On a été deux à exprimer cet avis. Le deuxième est quand même parti, moi j'ai refusé.

Et j'ai bien fait ! Du coup, je suis allé avec le dernier bateau resté ici Soualé, visiter un village avec des gens supers.

Fernand, un français qui vit ici depuis 5 ans et qui s'occupe d'une toute petite ONG en France (30 adhérents) a monté des opérations très intéressantes. Il a su donner le petit coup de pouce au bon endroit pour que les choses avancent.

Partis en taxi, une R18 break d'au moins 800 000 kms au compteur qui ne marche plus, tout le reste à l'avenant ; que le chauffeur loue à la journée à un "patron" pour 10000 F CFA au moins (20€), il paye lui-même son essence presque aussi chère qu'en France, les PV quotidiens (ici flic c'est une rente), les crevaisons, etc….

 

En allant vers Djilakoun, la route traverse la mangrove qui déborde parfois sur la chaussée, sur 15 kms, puis piste en latérite rouge, l'image classique des pistes africaines. Arrêt devant un beau marigot à l'eau très claire (pour une fois), on cherche à voir les crocodiles, il y en a 5, dont un gros caïman ; mais ils ont filé à notre approche. Finalement, je n'ai vu que les roseausx bouger à quelques mètres devant moi.

 

Ensuite, petit chemin embroussaillé dans la forêt, entre les grandes herbes. Où va-t-on ? Il fallait le connaître le chemin !

Une petite clairière dans la forêt, une case ronde construite autour d'un énorme palmier (?) quelques cases en banco (terre + eau = boue tassée et ça fait de belles maisons plutôt fraîches). Ces cases dont la construction a été décidée par le village, servent à l'accueil de groupes.

Visite des cases, très simples, très propres, des petites chambres ou des dortoirs avec couvre-lits et rideaux en batik, plafonds en bois avec isolation par du sable. La case cuisine, la case douches, toilettes avec fosse septique !

Depuis pas mal d'années, entre autres, ils reçoivent régulièrement en même temps des groupes d'ados d'un collège de petit village français et leurs correspondants du collège d'à côté qui passent plusieurs semaines ici à faire des chantiers d'intérêt général le matin, des activités l'après-midi et des soirées…

Bruno a interviewé les personnalités locales (le chef du village, le responsable du chantier, le délégué du quartier, la déléguée des femmes du village et Fernand, puis un des habitants du village a voulu parler lui aussi pour dire qu'ils sont fiers de ce qu'ils ont réussi à faire à Djilakoun, de travailler tous ensemble pour monter ces cases d'accueil, d'avoir pu rembourser le prêt qu'avait accordé l'association de Fernand…

Actuellement, ils ont redemandé un prêt (environ 3000€) qui leur a permis de faire construire une nouvelle pirogue pour les pêcheurs du village et ils sont en train de rembourser. Démonstration de l'utilisation des outils pour cultiver le riz, avec un manche en ébène (marron) s'il vous plaît. Plutôt efficace, l'outil, on aurait ce genre de pioche en France on se casserait moins le dos !

En fin de visite, un français en vacances ici, sort son ordi pour nous montrer la construction des cases. Toutes les femmes et les enfants du quartier s'agglutinent derrière l'écran et font des commentaires en se voyant en vidéo. Il paraît que c'est le truc qu'ils aiment le plus quand les blancs sont là. Faut dire qu'ici on n'a pas vu l'ombre d'une antenne TV. De toute façon, il n'y a pas l'électricité au village.

Ensuite on continue vers le collège de Coubalan, où Alain (le skipper de Soualé, un personnage !), prof à la retraite qui a vécu 25 ans en Afrique, pince sans rire qui ne se prive pas de faire de l'humour sur son handicap, un super marin malgré son air rêveur) est déjà venu faire un projet vidéo avec les élèves.

Une piste chaotique à partir de la piste principale, 700 élèves au collège qui ressemble plus à un chantier de construction : des perpaings partout, des fers à béton, des poteaux en ciment posés au sol. Accueil par Daouda, le directeur.
Et une quarantaine de femmes qui sont là, dans leurs superbes boubous.

La politique éducative au Sénégal :
Il fallait un "collège de proximité" dans ce coin pour accueillir les élèves des 5 ou 6 villages à la ronde.

- Le ministère nomme des profs (ils viennent de tous les coins du pays et ils arrivent quand ils peuvent. Les vacances sont finies depuis un mois et tous les profs ne sont pas encore là).

- La municipalité trouve un terrain.

- Et les parents se débrouillent pour construire le collège ! aidés par les enfants.

- Le ramassage scolaire, c'est à pieds (50 min le matin, autant à 12h, même chose à 15h en plein cagnard et retour après 19h dans le noir car il fait nuit !)

C'est là que Fernand intervient encore : -
- il a trouvé du financement pour payer les tôles de toiture (sans toit étanche le banco ne résiste pas longtemps aux pluies). Ils en sont à 1é ou 15 classes, la bibliothèque et la salle d'informatique sont en construction, elle seront finies d'ici un mois ou deux.
- Pour éviter les allers-retours à midi, les parents d'élèves ont décidé de créer une cantine, et ce sont les femmes du village le plus proche qui viennent tous les jours (une vingtaine à chaque fois) bénévolement faire la cuisine, en plein air bien sûr, pour les 700 élèves. Fernand a fourni de quoi acheter les ustensiles de cuisine. Elles sont très fières de nous dire qu'elles ont voulu éviter aux femmes des autres villages de se déplacer et par solidarité entre femmes elles assurent ce travail. Chaque village fourni une charrette de bois pour la cuisson. Après la salle d'informatique, ils vont construire une case pour la cuisine.
- Pour "alimenter" au moins en partie la cantine, un prof et les élèves ont créé un jardin potager : semences, goutte à goutte, clôture. Pour la clôture, super Fernand a encore frappé, il a fait fabriquer un moule par un ferronnier, les enfants coulent des poteaux en béton qui servent ensuite pour la clôture et aussi à faire des linteaux de fenêtres. C'est eux qui ont creusé la tranchée pour le tuyau d'eau depuis le château d'eau jusqu'au jardin. Des élèves d'un lycée agricole du Gard sont venus en stage pour expliquer comment faire et utiliser du compost.

Mame, une ancienne élève du collège, en terminale dans un lycée un peu plus loin est venue avec nous. Elle est allée dire au principal qu'elle n'était pas contente car "sa salle", celle qu'elle avait construite avec ses copines et ses parents était sale et mal entretenue… Message reçu.

Le principal nous a dit que "les gens qui viennent pour donner puis repartent ne l'intéressait pas, "ça créé de la dépendance et il y en a déjà trop ici".
Ce qu'il souhaite c'est "un partenaire qui s'engage avec les locaux pour faire un projet dont on a besoin en fonction de ce qu'on organise nous-mêmes.. Avec ce qui se passe ici dans ce collège, les jeunes ont compris qu'ils doivent prendre des initiatives et développer la solidarité entre eux. On commence à en voir les résultats parmi les plus anciens élèves qui entrent maintenant dans le monde du travail".

Ça me réconcilie un peu avec les ONG. Ici en ville on voit pas mal de 4X4, d'enseignes, de bureaux avec pignon sur rue de grosses ONG professionnelles. Beaucoup de fric injecté, mais à la fin que reste-t-il vraiment ? à qui ça profite ?

Dans Ziguinchor, on croise pas mal de blancs, je devrai dire plutôt de blanches car ce sont en majorité des femmes souvent accompagnées d'un homme du coin, qui sont en "mission" : Pourquoi ? Pour qui ? pas toujours très clair de comprendre et ce n'est pas en quelques jours que je vais y arriver.

Une belle journée, retour de nuit, je ne parlerai pas de l'éclairage du taxi, ni de l'autoradio qui sortait de son logement à chaque cahot, et il y en a beaucoup ! Bien sûr au barrage de gendarmerie (deux à l'aller, un au retour), le chauffeur s'est pris un PV. Un espèce de péage personnel perçu par le flic…

Nuit à l'hôtel "Le perroquet", c'est la première fois que je dors dans un lit qui ne bouge pas depuis 1 mois ½….

Alain est reparti quelque part dans la campagne avec Fernand pour livrer des ruches mises au point pour ici. Elles vont être copiées par un menuisier, puis mises en place dans un village. Plus quelques panneaux solaires pour ce même village.

La suite à plus tard….

9 novembre 2011

CASAMANCE : Nioumoune

Mardi 9/11

départ de bonne heure (de bonheur) pour Niomoun 1h de navigation pour arriver à l'entrée du bolong (affluent de la Casamance qui se perd dans la mangrove).

Quelques cabanes de pêcheur devant lesquelles on tourne pour trouver le passage entre les bancs de sable (invisibles mais bien là). Heureusement, le cata et le dériveur ont un faible tirant d'eau ; ils permettent d'explorer l'entrée au sondeur et de trouver un passage. On passe sauf Soualé qui se plante dans la vase. Il insiste, cherche ailleurs et finit par passer.

 Navigation dans la "garrigue" locale c'est-à-dire la mangrove, dans les méandres du bolong, on aperçoit seulement les mâts des autres bateaux derrière les arbustes.

¾ d'heure plus tard, après un dernier coude gardé par un baobab penché, on débouche sur un coin de paradis.

Un petit ponton de bidons, une pancarte "campement Alouga", des gosses en pirogue qui viennent chercher l'eau au puits, des rizières, des cocotiers, des vaches, des oiseaux partout.

Nous sommes chez Hyacinthe qui a monté ce campement il y a 6 ans. Serveur dans un resto de Ziguinchor, il a tout abandonné pour monter son truc à lui, un prêt d'amis français (sa femme est française), beaucoup de boulot et de réflexion, un endroit super, construit avec les artisans du coin, dans la simplicité des maisons du village. C'est beau, calme e tranquille.

Nestor nous accueille, c'est le frère, Hyacinthe est à Ziguinchor pour faire des démarches, les courses, etc…
Il est la base arrière d'ANIMA, une petite ONG hyper efficace de Nyons (26) qui fait un sacré boulot ici http://anima.blog.lemonde.fr/2011/02/

 Boulot efficace grâce à Hyacinthe qui après avoir fait profiter son village, veut que les villages plus démunis du coin profitent aussi de ces opérations.

 

Dans la salle principale du campement encadré en bonne place le texte de Pierre Rhabi sur l'histoire du colibri qui transporte quelques gouttes d'eau pour éteindre un incendie.

Un bidon pour récupérer les piles usagées.

 

L'après-midi visite du village avec Nestor et Joseph, un prof de français histoire-géo du collège.

Visite du collège, on rentre dans une classe, un toit en tôle, des fenêtres avec volets, tables et bancs et tableau noir, c'est tout  : 50 élèves par classe. Pour Joseph, c'est un nombre correct et il n'a aps de problèmes de discipline…. Mais il ne voudrait pas changer de poste, en ville les classes sont surchargées : 100 élèves par classe ! Ici, ils manquent de classes alors, ils construisent eux-mêmes des "préfabriqués" couleur locale, comme en France quoi !

Les cours se font de 8h à 12h et de 15h à 19h du lundi au vendredi. Là c'était les vacances de la Tabaski.

Petit village simple, propre pour une fois, même s'il ne faut pas aller voir de trop près l'eau du puits… Belles rencontres avec les gamins, les vieux, les femmes qui vont chercher l'eau (pas que les femmes d'ailleurs, même les hommes vont chercher de l'eau !)

Les hommes sous l'arbre à palabres (majestueux).

Coucher de soleil sur le bolong au cimetière au bout du village.

Retour au clair de lune par les sentiers entre les rizières qui seront récoltées dans un mois.

 

Dîner au "campement" soirée tranquille et agréable.

 

Je reviendrai !

 

PS : Au moment où j'écris ces lignes, je viens de faire la connaissance de Hyacinthe, ici à Ziguinchor. Vraiment un type "lumineux".

 

9 novembre 2011

CASAMANCE : île de Carabane

Mercredi 9/11

 Dimanche vers 16h nous sommes arrivés à la bouée d'eaux libres devant l'embouchure de la Casamance en compagnie de Soualé, le bateau d'Alain qui connaît bien le coin.

 On a commencé à chercher les bouées d'entrée du chenal (les cartes sont fausses à cause des bancs de sable qui changent). Entre temps Pythéas nous avait rejoints.

Et puis bonne aubaine, dans les jumelles j'ai vu le ferry Ziguinchor – Dakar (2 fois/semaine) qui commençait sa sortie vers la mer. On a bien regardé où il passait car on savait qu'il a un tirant d'eau de 2.50m. On a eu la nette impression qu'il ralentissait pour nous montrer le chemin.

On a pu prendre le chenal à un endroit où on ne serait pas aller le chercher.

Passage au coucher du soleil entre les bancs de sable sur laquelle la mer brise. (voir les photos Carabane)

On est arrivés de nuit, sans encombre au mouillage de l'île de Carabane.

 

Lundi matin réveil de bonne heure, sur le pont du bateau avec le jour. Peu à peu, entendre les bruits du village, la prière de la mosquée, les poules, mieux voir les détails du rivage. Des oiseaux partout.

Baignade dans le fleuve encore très salé ici.

 Descente à terre après le petit déj.

Petit village de huttes et de 3 ou 4 bâtiments en dur : la maternité, l'école et 2 ou 3 "campement" (petits hôtels rustiques).

Ruines d'anciens bâtiments coloniaux, bouffées par les racines des arbres, d'une église bretonne.

Des enfants qui vont et viennent en portant des plats de mouton d'une maison à l'autre : aujourd'hui c'est la Tabaski la grande fête musulmane. Même s'ils sont minoritaires encore, c'est la religion en pleine expansion dans la Casamance.

Les femmes ont au boulot à préparer les plats, les hommes discutent, allongés dans les hamacs ou au mieux font griller les morceaux de mouton.

De grands arbres partout (baobabs, fromagers et ????), vie au ralenti car à 10h il fait déjà chaud, et puis c'est fête !

Pas d'eau courante, des puits, pas d'électricité (quelques lampadaires à panneaux solaires, des groupes) mais tout le monde a son portable !

Une femme m'appelle, je vais discuter avec elle pendant qu'elle prépare la viande à cuire.

Une française prépare à manger avec la femme du sculpteur, elle me le présente. On discute un moment de ce qu'il fait tout en surveillant la viande qui grille. Il me propose de manger avec eux… mais je dois retrouver les autres.

L'après-midi après le repas au resto où on a attendu 2h de pouvoir man ger un poisson pas terrible, je reste dans le village pendant que tout le monde remonte à bord pour la sieste.

Je cherche de l'ombre en buvant un coup au campement de Guy, un français de Montpellier qui vit ici depuis 20 ans. Un ancien de la fanfare bolchévique des années 80. Fief de pêcheurs français qui viennent ici 2 fois par an. Avion direct de Paris au cap Skimine (Club Méd à 15 ou 20 km) et leur pirooguier vient les chercher directement là-bas en bateau.

Visite encore, discussion avec les gardiens du chantier (la construction d'un embarcadère pour le ferry et d'un autre pour les pirogues), ils m'offrent le thé. Bon moment passé avec ces jeunes du village.

Visite à la styliste couturière du village. Boutique très locale, fringues sympas. Elle semble bien savoir ce qu'elle veut.

 En fin d'après-midi balade vers la pointe ouest de l'île, de jolies cases dans un coin excentré (la banlieue), une maison de "riche" : antenne de TV, joli jardin.

Très belles cases dans les environs, croisé une française qui portait son bidon d'eau en retournant vers sa case. ? Marrant. Vit-elle ici ? est-elle en vacances ?

Tout au bout la cabane d'une famille de pêcheur : 5 gamins qui jouent à la lutte sénégalaise ou qui coursent de tout petits cochons noirs. Le père avec le petit dernier dans les bras. Pas grand-chose pour vivre.

 Retour au village, des bandes d'enfants  avec de superbes vêtements neufs, un seau en plastique par groupe et ils vont de maison en maison (un peu comme Halloween c'est nous) et demandent non pas des bonbons, (il n'y en a pas ?) mais du riz, des pièces de monnaie… Je n'ai rien sur moi à leur donner et je le regrette. Je n'arrive pas à les photographier, je ne veux pas leur "voler" des images.

 Resto avec tous les bateaux, sur la plage quelques jeunes jouent des percus…

 Retour au bateau au clair de lune.

 

Et…………. Pas de moustiques !!!!

4 novembre 2011

DAKAR encore

Au programme cet après-midi visite de l'île de Gorée ; mais….

J'attendais en buvant un coup sur la terrasse du CVD à côté d'un autre équipage qui mangeait….

Trouvant bizarre que personne ne soit ré-apparu  après être allé au resto, je m'avance et… plus personne !.

Bonjour la vie de groupe.

Du coup, je me suis fait ma petite balade à moi sur la plage des pêcheurs et le marché aux poissons.

Odeurs… Ambiance.

Dans la partie la plus "professionnelle" une halle couverte avec des camions qui attendent de l'autre côté, le poisson est déchargé directement des pirogues dans des caisses en plastique posées sur le sol, remué à la pelle et mélangé à de la glace; Et ça gueule autour des poissons, une vraie criée.

 Juste à côté trois femmes trient des poissons à même la dalle de béton avant de les mettre dans des bassines.

Sur la plage directement une foule de petits vendeurs, des caisses en polystyrène remplies de gros poissons, des mérous c'est sur et d'autres encore. Elles me font l'article, je m'en sors en disant que je suis tout seul que je n'ai pas de femme pour me faire la cuisine, ça marche car elles ont souvent l'air désolées pour moi.

Images de groupes de femmes qui partagent un plat de poissons sur le sol, d'une mère qui dort avec son bébé dans les bras endormi lui aussi ; d'une gamine de 13 14 ans enceinte jusqu'aux yeux ; les milans qui tournent et rasent l'eau comme des mouettes, les belles pirogues, les cahutes des remailleurs de filets ; et toujours et encore partout et sûrement plus qu'ailleurs les ordures et l'odeur.

 Dimanche et lundi  pour  Tabaski,  la fête du mouton des dizaines de milliers vont être sacrifiés, souvent sur les plages paraît-il où vont trainer des monceaux de tripes et autres déchets pendant des jours;

C'est les vautours qui vont être contents !

 Un pêcheur m'aborde, on discute, aujourd'hui il y a du vent, donc pas beaucoup de poisson.

 Demain départ pour la Casamance, un jour et demi de navigation. Premier arrêt à l'embouchure du fleuve.

 Une autre histoire.

4 novembre 2011

DAKAR

Depuis plusieurs jours pas trop eu le temps d'écrire.

 

Dakar :

ça pue,

ça fourmille de monde,

plein d'embouteillages,

plein de poubelles,

plein de cahutes et d'étalages de vendeurs partout, tout le commerce passe par eux même le change (mon banquier préféré est épicier)à part deux trois supermarchés Casino qui font incongrus ici.

Plein de groupes électrogènes.

Des myriades de rapaces qui survolent la ville : milans noirs et quelques vautours. Il y a tellement de poubelles qui traînent qu'ils n'ont aucun mal à vivre en ville.

 Des beaux gars partout, grands et musclés, plein de jolies filles.

Ici on peut vraiment dire qu'il ya des femmes de couleurS sans que ce soit péjoratif ; on devrait plutôt dire des femmes de plein de couleurs.

Comment font-elles pour être aussi bien habillées avec la crasse qui règne partout ?

 Des plages splendides sur l'océan, mais qui sont des égouts à ciel ouvert en particulier dans la baie de Hann la où nous sommes au mouillage.

 Une cinquantaine de bateaux, le ponton dont j'ai déjà parlé, un enclos sous les arbres en bord de mer, un coin tranquille où l'on trouve un bar où on paye en billets de Monopoly pour éviter les erreurs de caisse, un réparateur de moteurs de bateaux, une voilerie, un magasin d'accastillage (pièces pour bateaux), une lavandière à qui on a donné notre linge, quelques chambres à louer à la nuit et un groupe électrogène, très important le groupe électrogène à Dakar ! Les coupures sont systématiques à tel point que les petits artisans n'arrivent plus à travailler.

 Devant, la rue, pas goudronnée bien sûr, une petite dizaine de commerces et "restaurants" dont un magasin de fringues : 4 piquets en bois, un muret, une tôle ondulée et des ficelles pour suspendre les fringues.

Je lui ai commandé deux chemises et Véro a acheté pas mal de choses. Avec ce qu'elle vend ici (endroit stratégique devant le portail du CVD car ici il n'ya que des étrangers, donc des tirelires à pattes) elle fait vivre sa famille de 6 enfants (dont 2 à l'université), le mari lui, a plusieurs femmes, ne travaille pas, est toujours en voyage. En plus elle donne du boulot à plusieurs couturières qui travaillent pour elle.

 Superbes pirogues des pêcheurs, sur les plus grosses ils partent à 14 ou 15, debout à l'avant le patron qui guide la manœuvre par gestes, à la barre souvent un gamin et absolument indispensable sur toute pirogue, un écopeur qui vide un seau d'eau toutes les 30 secondes par-dessus bord car sinon le bateau pourrait couler….

Pirogues plus petites et sans moteur, une ou deux personnes. Tous les matins l'un d'eux passe derrière notre bateau en chantant : petit moment suspendu dans le temps..

Sur la plage depuis 3 jours,  un gars taille une nouvelle pirogue, ça n'avance pas bien vite.

 Gentillesse des gens et tutoiement de rigueur, on se fait un peu taper de temps en temps pour acheter des bricoles mais ils n'insistent pas trop.

 La suite à plus tard.

1 novembre 2011

ARRIVEE à DAKAR

passerelleOn vient d'arriver il y a quelques heures au mouillage du Clud de Voile de Dakar.

Premier contact avec le sol africain : comme tout voyageur le premier contact en arrivant dans un pays c'est la passerelle, généralement celle de l'avion qui vous conduit vers vos premières impressions du pays, le premier moment. Voici ma passerelle à moi ; il ne manque qu'une chose, l'odeur : un subtil compromis de relents de siphon bouché et de bac à graisse pas nettoyé, je vous laisse imaginer !

Content d'être à terre après 920 milles pas toujours faciles.

Petite bouffe sous les arbres du CVD (pour ceux que ça intéresse voir l'article paru dans Voiles et Voiliers de mai 2011) ambiance !

Et la bouffe elle vient du resto (enfin le bouiboui en tôle de l'autre côté de la rue) "restaurant Aida" !!!! Elles sont toutes prédestinées pour la bouffe ?

La suite bientôt !

 

1 novembre 2011

QUELQUE PART en MER

Dimanche 30/10/11

 Quelque part à 100 milles au large de Nouakchott.

 Ça y est, il fait chaud ! depuis ce matin on a enlevé les polaires… Enfin un peu de chaleur. On risque de s'en lasser rapidement mais ce qui est pris est pris. Plus que 230 milles pour Dakar. Si le vent se maintien (force 4 à 5) et avec un peu moins de vagues, ce qui semble se passer à moins qu'on se soit habitués, ou les deux, on devrait sans doute arriver lundi dans la nuit ou mardi matin, mais pas de pronostics….

En fait c'est là qu'on s'aperçoit que c'est grand l'Afrique, la côte marocaine n'en finit pas, le sud marocain est immense, la Mauritanie c'est plutôt grand aussi.

On se dit qu'en fait on est en train de se faire l'équivalent d'Irlande-Gibraltar d'une seule traite. Ou encore 48% de la transat qui nous attend.

 Très souvent on lève un vol de poissons volants. On dirait des moineaux qui s'éparpillent à notre approche. Un peu d'animation c'est pas mal, car depuis hier soir la mer est vide, pas de dauphins, pas de bateaux.

On a réussi à recontacter par VHF un des bateaux de tête (40 milles devant nous) et on fait le relais avec le dernier (Soleil Rouge, 60 milles derrière) qui a des problèmes divers et variés,  mais ils continuent et le moral est revenu. Important de pouvoir communiquer avec les autres dans ces moments là, même s'ils ne peuvent rien faire.

 Mercredi en début de nuit Soleil Rouge nous a rejoint en mer, on a causé de vive voix, ils ont cassé le tube d'enrouleur de génois, en roulant 2-3 tours bien serrés ça a tenu. Les autres sont déjà bien loin devant, ils ne causent même plus dans la VHF.

Toute la nuit on a navigué ensemble à vue (moteur).

 Jeudi dans la journée un bon petit vent s'est levé, mais Soleil rouge se traine, ça ne va pas bien à bord. Nous, on "freine pour les attendre : pas de génois, 1 ris dans la grand voile, on flâne.

Le vent monte, les vagues se creusent. En fin d'après-midi on croise un troupeau de globicéphales. Quelques bateaux dans la nuit, le vent monte un peu, les vagues se creusent (2m), le reste de la tempête sur l'Atlantique nord, sans doute. Mais c'est ciré plus polaire. Il n'a pas fait aussi froid depuis qu'on est partis. Se serait-on trompés de direction ?

 

Vendredi 28,

ça devient plus sérieux, le vent monte, on a passé la nuit à surfer les vagues au vent de ¾ arrière, les creux font 3m, on avance avec 2 ris parce qu'on n'en a pas 3 ! La barre est très physique. On supporte la polaire et le pantalon jusqu'à 11h. On est pourtant à la hauteur de Dakhla (portes du désert !), c'est grand le Maroc (bis). On a perdu de vue Soleil Rouge hier soir.

 Samedi 29,

ça bouge beaucoup et ça devient trop dur, on a affalé la GV un peu avant le jour, on avance avec seulement un bout de génois et on marche encore à 7 nœuds. Mais c'est plus confortable et moins fatigant.  Moi qui en avait marre du moteur !

Le bateau se prend pour un surf (de 9 tonnes quand même) et  je me fais une jolie pointe à 12.3 nœuds sur une belle vague (3m) dans le noir bien sûr :! Véro n'ose pas barrer dans ces conditions.

Sur Soleil Rouge, ils ont pété leur pilote sur cette mer, ils sont seulement 2 à barrer et cherchent à s'arrêter quelque part, mais il n'y a qu'un port minéralier en Mauritanie et c'est à 100 milles, alors, ils dormiront plus tard.

Au moment d'affaler la grand voile on a croisé un autre voilier sorti de la nuit, je ne sais d'où ? On s'est revus toute la journée et même jusqu'au lendemain matin. Rassurant de savoir qu'il y a quelqu'un de pas trop loin quand ça chahute un peu.

Il faut gérer sa fatigue et le sommeil, ne pas se "cramer" garder de la ressource et dormir.

 Dormir c'est comme s'allonger dans un ascenseur qui penche, qui inverse montée et descente toutes les 20 secondes et qui en plus roule (si je puis dire) sur un chemin cahoteux. Et ce n'est pas près de s'arrêter puisqu'on a encore 600 milles devant (60 heures environ) et aucun port pour s'arrêter un moment. De toute façon avec les vagues mieux vaut rester au large, c'est moins dangereux.

Vers 9h on est en face de Nouadhibou, il parait que c'est aux portes du Sahara, mais nous on se croirait en Bretagne (mais avec le soleil).

 Véro s'est mise à la barre, elle se débrouille bien, l'appréhension est tombée. On se fait à tout : Pierre a repris son train-train de nettoyage, malgré les vagues il a sorti son seau et son balai pour nettoyer le cockpit. On a pêché, en fin d'après-midi j'ai pris une belle bonite (60 cm) qui a fini une heure plus tard dans nos assiettes ou plutôt nos bols car vu comment ça bouge, tout valse, il faut tenir son bol, son verre, ses couverts en faisant passer le sel. On n'a pas le temps de s'ennuyer en mangeant. et en plus si on est à la bourre, le soleil est couché et il fait noir : ambiance !

Dans la nuit la mer se couvre par moment de dizaines de points lumineux : des méduses fluorescentes qui montent en surface : c'est déjà Noël !

 Dimanche,

Lever de soleil très jaune, brume de sable au loin, 2 quarts de nuit ; mais moins de fatigue. On a retrouvé Soleil Rouge à la VHF même s'ils sont à 60 milles derrière (le moral est revenu) et aussi Pythéas qui lui est 40 milles devant. Moins de vagues par moment d'après la météo la mer va passer de "forte" à "agitée", vent 3 à 4. Depuis cette nuit, on sent que l'air est plus chaud, le soleil commence à vraiment cogner, j'ai sorti la crème solaire.

On fait de bonnes moyennes, on a fait 170 milles en 24h.

Après midi on a renvoyé la GV 2 ris et ½ génois et on marche à 7noeuds pendant que j'écris. Véro est à la barre, pendant les quarts de nuit avec Pierre elle a fait "conduite accompagnée" et maintenant elle s'éclate à barrer dans les vagues.

On doit être un peu masos !

 Sur ce, je vais aller faire la sieste, la nuit va encore être longue..

Un oiseau genre bergeronnette grise vient de se poser sur le bateau (on est à 200 km de la terre), un peu épuisé : reste avec nous on t'emmène à Dakar !

1 novembre 2011

De LANZAROTE à DAKAR

Mercredi 26/10/11

 Départ hier après-midi vers 15h de Lanzarote pour notre plus longue étape jusqu'à présent : 950 milles jusqu'à Dakar (arrivée prévue dans une semaine). Presqu'une moitié de transat (2100 milles)..

Partis les premiers tranquillement sans nous presser avec un bon petit vent qui malheureusement s'est cassé la figure dans la soirée. Retour à la case moteur !

On avançait à 5 nœuds le long de la côte ouest de Fuerteventura.
Une belle île sans doute, là aussi des volcans mais plus de végétation. A voir une autre fois ?

 De loin  on voyait les vagues déferlaient vers les hauts fonds face à un phare : beau spectacle à ne pas trop approcher.

Dans la nuit les autres nous ont dépassé (comme d'habitude au moteur) sauf Soleil Rouge;

 Ce matin seuls au monde avec encore au loin sur l'horizon les montagnes de Fuerteventura.

Depuis plus rien, le grand vide de l'océan, toujours pareil mais toujours différent, une longue houle agréable qui arrive par le travers arrière.  La météo de RFI annonce un gros coups de mauvais temps sur l'Atlantique nord, ça doit faire vilain du côté de la Bretagne et du Portugal, et nous on cherche le vent qui finit par monter un tout petit peu, mais pas assez pour naviguer à la voile et en plus en plein de face ! Encore une fois Eole n'est pas avec nous.

 Visite de dauphins par deux fois, suffisamment longtemps pour avoir le temps de les photographier, au même moment une petite torture (30 à 40 cm) en surface.

 Puis vacation radio Soleil Rouge a des problèmes d'enrouleur de génois. On décide de les attendre (ils sont à 15 milles derrière) car nous sommes les seuls à portée de VHF, les autres à leur bonne habitude sont déjà loin devant ! Ils en ont pour au moins 7 ou 8h pour  nous rattraper même en ralentissant.

 Alors, on flâne : arrêt baignade en plein océan (piscine par 27°23 Nord et 15°02 Ouest), couleur de l'eau superbe et température idéale.

25 octobre 2011

LANZAROTE (Canaries)

Mardi 25/10/11

 J"'ai du mal à savoir quel jour on est.

 Aujourd'hui on se prépare à repartir dans 2 ou 3h pour Las Palmas (Gran Canaria) où on fera juste un stop au mouillage sans descendre à terre, pour permettre à un des bateaux d'aller chercher un tangon (pas argentin mais espagnol). On devrait y être demain dans la journée.

 Ensuite on file direct sur Dakar, on devrait y être dans le week end ou en début de semaine prochaine.

 Ici pas mal de bateaux de voyage, des familles entières qui naviguent qui arrivent des Antilles ou qui se préparent à traverser vers les Antilles. Un autre qui vient de retrouver des copains qui arrivent de Grèce, et ils se sont donnés RDV aux Antilles dans 2 mois..

Rien à voir avec les pontons de chez nous.

 Hier grande balade dans le parc national à visiter les volcans (plus de 100 dans l'île), la dernière éruption date du 19e siècle mais c'est impressionnant de voir ;l'ampleur des coulées de lave sur des dizaines de km  à travers toute l'île, jusqu'à la mer.

La chaleur n'est pas loin à quelques m sous terre, il suffit d'approcher des herbes sèches et elles flambent spontanément.

 Aridité du climat qui fait que seulement quelques végétaux commencent à coloniser un peu la lave. Il ne pleut que 50à 20mm d'eau par an (on est au niveau du Sahara) et tout ce qui pousse doit être arrosé et protégé du vent d'ouest par des murets(ça ne manque pas de pierres ici).

 Comme par hasard, hier soir on s'est pris une bonne rincée genre crachin breton mais persistant et froid, on avait ressorti les polaires et on s'est bien trempés !

Ça m'a valu aussi une bon gadin sur le c… dans les marches d'escalier du resto, j'ai eu un peu de mal à m'en remettre ! Mais bon arnica, etc… et je pense que ça va aller.

>Et  puis ma petite sœur s'occupe de moi.

 

Envie de revenir pour faire toutes les îles (ça pourrait être un prochain projet ?)

 

Allez, j'y retourne, il ya des choses à faire encore avant de partir.

23 octobre 2011

De RABAT à LANZAROTE

Samedi 22/10/11

 14h30 T.U. Et oui on marche à l'heure de Greenwich depuis le Maroc.

C'est-à-dire qu'il fait nuit vers 18h30 (20h30 en France) et qu'il commence à faire jour vers 6h (8h en France).

Depuis 8h ce matin pétole molle encore et de nouveau. Mais on n'a pas mis le moteur, d'ailleurs on est les seuls à insister. Par contre on a envoyé le spi asymétrique, (même que s'il s'appelait à 7 ou 8 métrique on n'aurait pas dit non !).

On a enfin pu quitter Rabat mercredi avec la marée de fin d'après-midi, pas mal de houle dès la sortie du port. Bien sûr pétole et moteur.. On était tous ensemble jusque dans la nuit à se croiser et se re-croiser jusqu'à ce qu'on arrive dans une zone où ça clignotait partout. Des pêcheurs avec des filets dérivants. Nous, on s'en est bien sortis : la barque de pêche est venue à notre rencontre au moment où on allait se mettre dans les filets, virement de bord à 20 m  de la ligne de flotteurs. On a appris par la VHF (la radio de bord) que Pythéas, lui s'est emmêlé dedans, les filets et la barque de pêche n'avaient pas de lumières. C'est le pêcheur qui a coupé lui-même ses filets, vu le gabarit du skipper ils ont dû vite comprendre que ce n'était pas la peine de tergiverser.
Chacun est alors parti de son côté et ensuite plus rien, la mer est vide depuis 3 jours, à l'exception de jeudi quelques pêcheurs à plus de 20 km de la côte dans leurs petites barque de 4 ou 5m avec juste un moteur hors bord, sacrés marins ! Il en faut de la constance pour ramener quelques kg de poissons qu'ils vont vendre quelques €.
Vu aussi des cargos, porte containers et autres pétroliers de temps à autre mais aucune voile sur l'horizon qui semble se déplacer avec nous. On a l'impression qu'on ne va jamais arriver, qu'on est seuls au monde et que "ailleurs" n'existe plus.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, on a quand même navigué à la voile, en insistant, à partir de minuit jusqu'au lever du jour.

Et puis ensuite, comme d'hab : pétole !

 

Mais… vers 14h ça redémarre par un vent correct N-NEst 10 nœuds, plus une belle houle qui sans doute pour les plus grosses vagues atteint 2m.

On marche bien entre 7-8 nœuds de moyenne; En fin d'après-midi jeudi on avait réussi à faire 120 milles et pêché une bonite en 5 minutes. Et ça a continué ainsi toute la nuit, la journée de vendredi où l'on a pu faire 150 milles à la voile (pour les terriens faites la conversion vous-même, je vous ai donné l'équivalence, dans un message précédent) jusqu'à ce matin (samedi) le vent a tenu.

 

On a eu de la visite pendant plusieurs heures, quatre oiseaux qui ressemblent à des verdiers sont venus se percher sur le bateau. Tout près de nous et même sur la tête de Pierre. Ils sont repartis vers la terre (au moins 100 km) un peu avant le coucher du soleil.

 

Ensuite, sympa de sentir le bateau foncer dans la nuit, barrer aux sensations car on ne voit rien, on entend seulement les vagues et le bruit de l'eau qui frotte sur la coque.
Depuis, le vent baisse, baisse.

On vient de rentrer le spi qui battait lamentablement avec un bruit de sac en plastique après plus de 4h à se trainer à 2 nœuds, dans l'espoir d'un vent de nord annoncé par la météo. "En Atlantique, il y a du vent vous verrez, ce n'est pas comme la Méditerranée" avait annoncé notre skipper, en bon breton qu'il est, dès la première pétole 24h après le départ de La Ciotat. Donc, en Méditerranée on met le moteur et en Atlantique, les voiles. Têtus les bretons ? Non….

En tous cas, on a appris à sentir la moindre risée avec les yeux, avec les oreilles (si, si) ou avec la peau. Au choix : la joue, l'épaule ou le bras quand on est en tee-shirt, voire les pieds quand on a les orteils (non, Monsieur le correcteur d'orthographe de Word je n'ai pas écrit OREILLES mais ORTEILS – allez, coucher ! retourne voir Bill Gates, de quoi je me mêle !) en éventail, ce qui arrive souvent en ce moment.

 

Vacation radio de 14h, ou plutôt pas de vacation car les autres sont trop loin devant pour nous entendre. Ceux qui ont mis le moteur depuis longtemps, en bon méditerranéens qu'ils sont, vont sans doute arriver ce soir à Lanzarote, nous, on en a encore pour 24h au moins, même au moteur.

Dommage, j'aurais bien aimé visiter un peu l'île. Si ça continue, on va arriver au moment de repartir !

 

On se console comme on peut : hier soir ciel splendide, que l'on ne peut pas voir depuis la terre. On était à 200 ou 300Km au large des côtes du Maroc, au niveau d'Essaouira. Aucune lumière, ni halo, ni de lune en début de nuit, pour réduire l'obscurité, tellement d'étoiles qu'il devient difficile de trouver la Petite Ourse. Les étoiles les plus brillantes font même un reflet sur l'eau, un peu comme la Lune. Et dans l'eau le plancton phosphorescent qui brille lui aussi, super !

 

La mer est vide à part quelques cargos, dont un la nuit qui nous a donné du fil à retordre pour comprendre s'il passait devant ou derrière.

Je suis devenu le spécialiste de "de quel côté va-t-il passer ?"
A partir du moment où on aperçoit ses lumières sur l'horizon on a environ ¼ d'heure, 20 minutes, avant qu'il ne soit sur nous : d'abord, c'est un faible point lumineux blanc intermittent (à cause de la houle qui le cache, ou nous cache par moment), ensuite la lumière devient plus intense, puis en général, quand c'est un gros bateau, le point blanc se dédouble. Si on a de la chance, on en voit un plus haut que l'autre.

Et là, c'est le moment de chercher le point rouge ou vert : "vert sur vert tout est clair… rouge sur rouge rien ne bouge !" En général, ce point est bien caché parmi d'autres lumières blanches du pont ou des hublots et quand c'est un paquebot (y'en a pas beaucoup par ici) c'est Versailles, donc on ne cherche même pas le rouge ou le vert, on regarde passer l'arbre de Noël.

Si on voit en même temps du blanc avec un point rouge et un point vert de part et d'autre, c'est peut-être très joli, mais là y a intérêt à dégager vite fait : on est pile en face du gros poids lourd qui nous vient dessus. En général, on évite, on cherche plutôt à passer derrière, quand le vert ou le rouge se transforme en blanc, on est tranquille. Enfin en principe, car si c'est un bateau de pêche y a intérêt à le surveiller du coin de l'œil. D'abord parce qu'ici, l' éclairage des barques c'est folklorique : ça peut aller de la bougie à la lampe de poche en passant par des clignotants rouges. Et puis parfois, le bateau de pêche fait des ronds dans l'eau et traîne un tas de trucs derrière lui tels que des filets, des lignes, des flotteurs, etc…

C'était le petit cours de circulation nocturne pour éviter de s'endormir à la barre (ça m'arrive, même avec la houle).

 

On s'attendait cependant à plus de chaleur, la nuit on supporte la grosse polaire plus la veste de ciré. Même dans la journée, à l'ombre on a encore la polaire malgré le manque de vent.

 

En attendant c'est sieste bercé par le doux ronron du Volvo.. ou partie de Rumik cube (Emilien, je ne sais pas si ça s'écrit comme ça) pour Véro et Sylvie pendant que la tarte aux pomme cuit, on ne va pas se laisser abattre par le manque de vent.

 

Ce n'est plus "Ciotat-Africa Les voiles du partage", mais les moteurs du partage ! je vais demander à Gérard de changer le nom….

 

Atlantique nord 60 milles au N Est du phare d'Alegranza par  30°19.9 N et 12°38 W

 

Le même 3h plus tard. Mais seulement à quelques désespérants milles de plus.

Après avoir fait le plein de gasoil en mer (pas à la pompe, on a des jerrycans). Merci la petite pompe de poêle à pétrole, ça fait un siphon impeccable.

La mer ressemble de plus en plus à une piscine, l'eau est à 23°, j'ai testé ce matin avec un grand seau pour prendre ma douche sur le pont.

Après le plein, chasse au fusible dans tout l'arrière du bateau : on en a conclu que la jauge ne jaugeait plus, et une jauge qui ne jauge pas ja ne ja pas.. On a retourné tous les fonds, les couchettes, les coins et les recoins, et y en a dans un bateau pour nous apercevoir qu'il n'y avait pas de fusibles cachés. En fait, on a fini par trouver : un mauvais contact dans la clé du même nom… ça me fait penser à ce qu'à dit un des équipiers sur les pontons en citant Antoine (oui, oui le chanteur qui est aussi navigateur) : "sur un bateau les appareils peuvent être dans deux états : l'un instable, quand ils fonctionnent ; l'autre stable quand ils sont en panne, ce qui est donc en fait leur état normal…."

 

Je retourne contempler la piscine dans laquelle le soleil va bientôt se coucher; Les autres équipages vont dormir au port après une virée en ville, nous ben… au bord de la piscine.

 

Peut-être demain soir ?? Inch Allah !

 

Dimanche 23/11

 Il y a 3 semaines on était en train de sortir du port et aujourd'hui on est en train de longer la côte ouest de Lanzarote : des champs de lave noire qui descendent jusqu'à la mer et qui ont l'air assez récents, des volcans un peu plus haut et aux jumelles on a même aperçu des espèces de geysers, de fumée ? qui crachent de temps en temps (en montagne mais aussi près d'une route et de maisons. Une petite plage de sable gris au milieu de tous ces rochers.

 Drôle d'impression : en mer au large on se sent tout petit et en arrivant près du rivage ici, on a la même sensation face à ces volcans.

 arrivée vers 15h locales !

18 octobre 2011

RABAT-SALE VISITES

Mardi 18/10/11

 Tout le monde dort encore, 7h20,  je suis à la terrasse d'un café du port, face au pont embouteillé par ceux qui vont au boulot de Salé, la ville populaire, vers Rabat la capitale.

On devait parir aujourd'hui pour Lanzrotte (Canaries) mais le port est fermé à cause d'une grosse houle venue d'on se sait où. Donc on va rester coincés ici pour au moins la journée.

 Dimanche soir Véro nous a retrouvés après une longue attente à la douane, pendant laquelle elle a fait connaissance de deux françaises de Marseille qui viennent réguliérement pout former des éducateurs et encadrants d'enfants. Elles sont venues nous voir lundi après-midi.

 Hier matin, nous avons accompagné Bruno, le réalisateur de film : visite à l'école informelle dans un quartier de Salé proche de la mer, une organisation qui s'occupe de socialiser et d'éduquer un minimum les enfants des rues et des bidonvilles. Installée dans un bâtiment d'une école primaire, cour en terre battue mais gros buissons d'hibiscus (2M de haut) et arbres (ficus). Certains d'entre eux sont venus sur les bateaux samedi après-midi. Ils sont 400 enfants à être suivis ainsi chaque année par petits groupes de 20. Après un repérage par des éducateurs de rue, ceux-ci incitent les enfants et la famille (le plus souvent une mère seule avec plusieurs enfants de différents pères) à venir à l'école informelle. C'est quand ils veulent au début avec un maximum d'activités attractives (dessin, théâtre, etc..) pour les inciter à revenir. Le premier boulot c'est de créer leur état civil car la pluspart d'entre eux n'en ont pas. Ensuite leurs apprendre à lire, écrire compter pour arriver à leur donner un niveau scolaire correct afin qu'ils puissent intégrer un cursus de formation professionnelle style CAP. Ensuite, ils continuent quand même à être suivis par l'école informelle.

On a beaucoup discuté avec Aziza une éducatrice passionnée par son boulot. Marrant de voir tous ces gamins (une vingtaine) en train de dessiner une maison avec toit pointu, beau chemin devant la porte, cheminée qui fume, arbres genre pommiers alors qu'ils vivent dans des baraques au toit plat (pour les mieux lotis) dans des rues empoussiérées, remplies d'ordures, dans un pays où quand il fait +15°C en hiver, il fait froid…

Entré dans une classe, ça fait au moins 2 semaines que ça ne m'est plus arrivé, il fallait un peu que je retourne à l'école. Pas un bruit, tous se lèvent quand je rentre… Instit avec le foulard sur la tête, ils étaient en pleine séance d'écriture arabe : pour une fois, c'était moi l'ignare face à ces enfants.

 

Ensuite, direction l'école du cirque où il y a une section de l'école informelle qui est installée. Au départ structure créé par une marocaine pour les enfants des rues, elle s'est transformée en moins de 10 ans, en école nationale marocaine du cirque et les élèves viennent de tous les milieux, il y a même un médecin qui a arrêté pour venir faire du cirque. Installée en bord de mer dans une ancienne casbah, une architecture intelligente, des structures métalliques bâchées qui reposent sur des vieux murs existants; un gros chapiteau avec lequel ils partent en tournée, une grande halle en cours de finition. 35 jeunes qui bossent là 8h par jour leurs numéros, une majorité de garçons, seulement 4 ou 5 filles un directeur administratif français qui a été recruté chez Frattellini à Paris. La première promotion va sortir cette année (14 jeunes) qui veulent rester ensemble et monter une compagnie.

Intéressant de les retrouver dans leur cadre après les avoir vus samedi en spectacle. Ils fonctionnent grâce à des dons, des entreprises mécènes et les recettes de leurs tournées (entre 180 000 et 400 000€ de budget selon les années).

 

Ensuite Oussmane, notre guide-chauffeur de la matinée (qui travaille avec Roselyne, la rédactrice de Vues sur mer qui a organisé notre étape ici) nous a emmené voir la mer du haut des remparts de la médina de Salé, un superbe endroit : murs du 16e siècle, ancienne cité pirate de la côte, à une époque ou Rabat ne figurait même pas sur les cartes. La revanche des quartiers populaires contre la capitale !

 

Retour au bateau, après-midi atelier informatique sur le bateau "pour copier, je fais quoi ?", "pourquoi la connexion ne marche pas ?", "et tes photos, je fais comment?", etc…..

 

Livraison, enfin, des fournitures pour l'école informelle et l'autre école de Rabat. Le papier manquant a été signé, la douane a mis son tampon après avoir vu e break chargé des fournitures.

 

Réparation du support de vérin de pilote automatique sur Soleil Rouge : un qui travaille, trois qui conseillent et quatre ou cinq qui regardent et commentent. On se croirait à l'époque des PTT.

 

Café avec les françaises rencontrées par Véro, la veille.

 

Apéro à 25 sur Yoto le catamaran, 50 godasses sur le ponton devant le bateau, on aurait dit une mosquée flottante, mais la comparaison s'arrête là car les 10 litres de punch de Roselyne ont vite été éclusés ! A force de raconter des conneries, un concours d'aïoli sur le ponton a été lancé pour ce soir : les hommes à la cuisine et les femmes comme jury.

Bref, l'ambiance commence à vraiment à être sympa.

16 octobre 2011

Dimanche 16/10/11

Journée de transition, Jean Louis est reparti pour Marseille et on attend Véro dans la soirée mais pas encore de nouvelles. Les danseurs sont repartis eux aussi pour Paris. On les retrouve le week end prochain aux Canaries

Levé tôt, brume et beaucoup d'humidité comme tous les jours, je suis parti au hasard dans Salé pour aller boire le café du matin avec les gens du cru. Là, ce n'est plus Rabat ! Au moment de régler je n'avais plus qu'un billet de 100 diramh pour en payer 6. pas moyen de faire la monnaie aux alentours tout était fermé. "Si tu reviens ça va" et je suis parti plus loin vers une pâtisserie acheter des croissants, tant qu'à faire. Même problème "Tiens prends-les et tu reviens plus tard". Dans une 3e boutique j'ai pu enfin craquer mon billet et je n'avais plus qu'à faire le chemin inverse pour payer mes dettes. Va faire ça en France en pleine ville.

Plus tard petit tour au bord du fleuve juste de l'autre côté du chantier immobilier "cité des arts et centre commercial" qui pousse comme un champignon au bord de la marina.
Superbe vue sur la médina de Rabat, sur le mausolée d'Hassan II et sur… le bidonville des pêcheurs. Contraste.

La journée passe à toute vitesse, encore rien le temps de faire entre la vidange du moteur, il le méritait bien, essayer de comprendre comment capter les fax météo sur la BLU sans y arriver (car on va en avoir besoin pendant la traversée) et essayer de paramétrer le nouveau GPS, pourquoi les cartes mémoires ne sont elles pas compatibles ? C'est bien l'informatique mais c'est ch…

Ce soir resto des équipages dans Rabat et demain préparation en vue du départ mardi pour 475 milles vers les Canaries (4 ou 5 jours). On va commencer à descendre vraiment vers le sud.

 

16 octobre 2011

RABAT : enfants des écoles et spectacle

Samedi 15/10

 Visite des enfants des écoles sur les bateaux.

Spectacles de l'école de cirque de Rabat et des français de L'air dans l'Art.

 

Moments magiques avec tous ces gamins qui montent sur les bateaux.DSC_1539

Relations un peu coincées avec ceux de la belle école de Rabat, enfants en uniformes, bien sages et disciplinés. Beaucoup plus vivant et spontané avec les gamins de l'école de Salé la ville populaire (2 millions d'habitants) de l'autre côté du fleuve en face de Rabat (1 million d'habitants).

Découverte de ce qu'est le bateau, sûrement mieux équipé que la maison de la plupart d'entre eux.

 

DSC_1549Instants suspendus quand Gérard, le grand et costaud skipper de Pythéas a sorti sa carte pour montrer le trajet de ses deux tours du monde. Toutes ces filles buvant ses paroles pleines de finesse et d'incitations face à leur avenir. Moment émouvant autant pour ceux qui assistaient à la scène que pour lui.

 

 

 

 

 

Bon moment passé avec cette dame qui a tenu à ce que je fasse une photo d'elle, la main sous le robinet d'eau qui coulait sans DSC_1558doute qu'elle n'a pas ça chez elle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Superbe spectacle de la première promotion de l'école nationale de cirque de Rabat (En fait, elle est située à Salé). Au départ, elle était destinée aux enfants de la rue, mais plus uniquement maintenant.

DSC_1574Beaucoup de pèche, de joie de vivre communicative, de talents.

Des numéros impressionnants : le cireur de chaussures et son client sur les barres (voir vidéo quand j'aurai triuvé où la mettre sur Internet).

Des numéros vivants : le récupérateur d'objet avec son bout de tuyau et sa jante de vélo (voir vidéo) ramassés dans des poubelles et qui prépare pour son examen de sortie un numéro avec un personnage d'éboueur, une manière pour lui de rendre hommage à ces gens-là.

 

 

 

 

 

 

 

Contraste avec les français de L'air dans l'Art. (rien que le nom déjà !) on sent que c'est intellectualisé. L'idée de faire de la danse dans les mâts des bateaux est intéressante, esthétique bien (trop) léchée ;  de beaux mouvements mais pas vraiment habité , de belles images quand même....DSC_1600 Dommage que la musique ne soit pas plus porteuse, on s'em… un peu malgré les moyens.

Contraste avec l'école de cirque : peu de moyens, mais avec du vécu, de la joie de vivre, spontanée....

 Beaucoup de spectateurs. Et même la TV qui filmait.

mais globalement, des bon moments où ça valait la peine d'être là.

 

 

Puis resto en ville : le Petit Beur, en face de Mac Do, près de la gare. Un bon tuyau donné par des marocains.

 

Fin de soirée sur le bateau à une dizaine à regarder des photos en buvant d'abord du thé à la menthe, puis pour finir avec du rhum arrangé.

15 octobre 2011

newsletter

On n'arrête pas le progrès !

Pour ceux et celles qui sont intéressés, j'ai mis la possibilité d'être averti par mail de la mise en ligne de nouveaux articles  : voir la rubrique "newsletter" dans la colonne de gauche. Indiquer son mail en cliquant sur le bouton adéquouate.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité